Cher-e camarade,

Après plusieurs semaines passées à te parler de nous et de notre organisation, je me suis rappelé cette semaine pourquoi nous nous organisions.

Demain, lundi 18 décembre, se tiendra la journée internationale des migrants. Qu’il est désolant de constater combien, en un an, l’action du gouvernement français et l’image que renvoie le pays sur ce plan ont changé. Qu’il est loin le temps où le candidat Macron avançait une solution humaniste et pragmatique en matière d’accueil, se projetant dans les pas d’Angela Merkel en Allemagne.

Sur le terrain, le visage qu’offre la France est devenu la brutalité.
A Calais, la police n’a pas hésité à jeter les couvertures de 700 migrants et à détruire les abris de fortune dans le froid implacable de l’hiver. Dans nos rues de Paris, ce sont les toiles de tentes de 800 migrants qui ont été lacérées pour décourager la reconstitution de campements. Cette violence n’est pas le fait de quelques policiers isolés, elle est assumée depuis le sommet. Le Ministère de l’Intérieur, sous l’égide de Gérard Collomb, assume une politique parfaitement brutale. Dès le 20 novembre, une circulaire affichait la volonté d’expulser massivement tous les déboutés du droit d’asile. Désormais, une nouvelle circulaire prévoit que les préfets devront mettre en place « de façon progressive » des « équipes mobiles » chargées du recensement des migrants dans l’hébergement d’urgence.

Une façon de renoncer, depuis le plus haut de l’État, au principe de l’inconditionnalité et l’immédiateté de l’accueil définis par la loi. Celui-ci concerne toute personne, quelle que soit sa situation administrative. Par conséquent, les sans domicile fixe, les demandeurs d’asile, les personnes en situation irrégulière ou même les ressortissants de l’Union Européenne démunis d’autorisation de travail doivent être pris en charge, sans distinction de statut administratif, en centre d’hébergement d’urgence. En permettant à des équipes mobiles de l’Office français de l’immigration et de l’intégration de vérifier l’identité des personnes bénéficiaires d’une place en centre d’hébergement d’urgence, l’État français propose de séparer ce qu’il estime être son bon grain de l’ivraie, le sans-papier du sans domicile fixe en règle. La mesure, peut-être, n’émouvra peut-être pas massivement dans une société où le migrant est présenté depuis des années comme un problème et dans une actualité saturée à l’approche des fêtes.

Aussi, notre opposition à cette mesure n’est pas matière à cynisme ou à stratégie quelconque. Elle vise à nous rappeler la longueur du chemin à re-parcourir sur le plan culturel et à réaffirmer nos principes humanistes, envers et contre tout.

À Paris, la politique d’Anne Hidalgo a toujours été claire et assumée.
En septembre 2015 déjà, au Cirque d’Hiver, le PS et plusieurs célébrités disaient « oui » à l’accueil des réfugiés. Le cliché du corps sans vie du petit Aylan, petit Syrien de trois ans retrouvé sur une plage turque, faisait le tour du monde.

Deux ans plus tard, malgré la fermeté brutale qu’affiche le nouveau gouvernement français, Paris maintient une politique volontariste en matière d’accueil et, la semaine dernière, le Conseil de Paris a exprimé sa très vive inquiétude dans un vœu que tu trouveras ici et sur lequel Catherine Baratti-Elbaz, la Maire du 12e arrondissement, souhaitait attirer ton attention.

Alors que l’extrême-droite vient d’obtenir trois postes régaliens dans le nouveau gouvernement autrichien et malgré l’ampleur du travail de reconquête sur nous-même comme sur l’échiquier politique que nous devons entreprendre, il est parfois des semaines où le combat des socialistes semble plus évident que d’autres.

Nous en parlerons très certainement ce mercredi 20 décembre à notre pot de fin d’année qui sera l’occasion de nous réunir une dernière fois avant la nouvelle année.

Te souhaitant un agréable début de semaine dans cette actualité chargée,
Amitiés socialistes,

Michel Gelly-Perbellini,
Secrétaire de section