Alors que le SPD était annoncé comme mort par les observateurs politiques allemands, alors qu’il avait fait le pire score de son histoire aux élections fédérales de 2017, les sociaux-démocrates sont arrivés en tête du scrutin législatif allemand dimanche dernier. La campagne sans faute du vice-chancelier actuel Olaf Scholz mais également les erreurs de ses adversaires Armin Laschet (CDU-CSU) et Annalena Baerbock (Verts) auront permis à la gauche de réaliser une remontée fulgurante dans les sondages et de pouvoir être en position de mener le prochain gouvernement. Cette dernière entreprise prendra du temps, pour la première fois de 1957, il y aura plus de deux partis dans la coalition. Ces parties seront vraisemblablement les verts et les libéraux du FDP (classé à droite).

Les sociaux-démocrates reviennent de loin, et ce n’est pas peu de le dire. Il y a encore quelques mois, les écologistes et la CDU les distançaient largement dans les sondages, et les allemands apercevaient la possibilité d’avoir une chancelière écologiste. Le SPD était à 14-15% au même niveau que l’AFD (extrême-droite). Mais la stratégie d’une campagne sérieuse et modérée, autour d’une personnalité appréciée de la population, Olaf Scholz, a porté ces fruits. Les sociaux-démocrates ont mis en avant leurs expériences du pouvoir, en effet, depuis 8 ans maintenant ils étaient membre de la coalition d’Angela Merkel (la Grande Coalition, ou Groko en allemands, CDU-SPD). Olaf Scholz s’est également appuyé sur sa ressemblance avec Angela Merkel, cette dernière restant encore très populaire outre-rhin. Les analyses électorales ont montré qu’une grande partie des électeurs centristes de la CDU ont voté cette fois-ci SPD, cherchant une certaine continuité gouvernementale avec Olaf Scholz, actuel vice-chancelier. Les propositions sociales ont su trouvé un certain public en Allemagne : augmentation des salaires et des retraites, développement des énergies renouvelables et création d’emplois… Nous pouvons noter également un recul de l’extrême-droite, qui nationalement fait moins bien qu’en 2017, et qui localement recule la plupart du temps dans des fiefs qui lui était plutôt favorable notamment en ex-RDA.

Cette victoire en Allemagne intervient dans un contexte de conquête pour les socialistes d’Europe. Les 5 pays du nord de l’Europe ainsi que la péninsule ibérique ont des gouvernements sociaux-démocrates. Une autre bonne surprise est venue tout récemment d’Italie, où les candidats de la coalition de gauche, composée essentiellement du Parti Démocrate et du Mouvement 5 étoiles, ont réalisé de très bon score aux élections municipales. A Milan, Naples ou Bologne, les candidats de gauche ont été élu dès le premier tour. D’autres, comme à Rome, seront en ballotage favorable face à des candidats de la coalition de droite radicale.

Ces victoires étaient impossibles si l’on écoute les observateurs. Elles ont pourtant pu être réalisé grâce à la détermination des militants de gauche à imposer leurs idées, et à faire voter pour elles. C’est la mission qui nous attend désormais en France, à 7 mois de l’élection présidentielle et des élections législatives. Une « surprise » socialiste est à construire et ne dépendra que de notre détermination à faire campagne pour le triomphe de nos convictions écologiques et sociales ! La droite dominait la majorité des gouvernements européens en 2010, en 2022 faisons en sorte que la gauche soit dominante en Europe !