
L’hôpital public français traverse une crise sans précédent, qui touche tant la qualité des soins que
les conditions de travail des personnels. Cette crise, qui s’est intensifiée avec la pandémie de COVID-19, est le produit d’une gestion comptable et de sous-investissements chroniques qui ont miné les fondations du service public hospitalier. Depuis plusieurs années, le Parti socialiste milite pour une refonte en profondeur de l’hôpital public.
Un diagnostic alarmant : l’hôpital en état d’urgence
L’hôpital public est aujourd’hui en état de grande souffrance. Un service d’urgence sur cinq est en difficulté, des lits ferment partout faute de soignants, et le taux d’absentéisme des personnels médicaux et paramédicaux ne cesse d’augmenter sous l’effet d’une dégradation des conditions de travail. Des dizaines de milliers de personnels de soin ont quitté leurs postes ces dernières années, exacerbant ainsi la crise du système hospitalier.
Cette situation dramatique ne survient pas par hasard. Elle est le résultat d’une politique d’austérité systématique, qui a conduit à la fermeture de plus de 18 000 lits sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. La vision libérale de l’hôpital a conduit à des réformes de financement mal conçues, comme celle de la tarification à l’acte. Ces politiques ont non seulement réduit les moyens mis à disposition des hôpitaux publics mais aussi transformé les soignants en agents administratifs chargés de maximiser le rendement financier plutôt que de répondre aux besoins de santé de la population. Le système actuel ne permet plus l’égalité dans l’accès aux soins et porte atteinte à la sécurité des patients.
Pénibilité et perte d’attractivité des métiers
L’une des causes principales de la crise est la dégradation des conditions de travail des soignants. 20 % des infirmiers et 30 % des aides-soignants partent aujourd’hui à la retraite avec une invalidité. Le gel du point d’indice, l’augmentation continue de la charge de travail ont conduit à une perte d’attractivité des métiers du soin. Le manque de reconnaissance et la pression constante ont eu des effets en chaîne sur l’organisation de l’hôpital et sur l’accueil des patients.
Le manque croissant de médecins hospitaliers, notamment dans des spécialités en tension comme les urgences, la chirurgie, l’anesthésie, la pédiatrie, la psychiatrie ou la gériatrie, est l’un des facteurs essentiels de cette crise. Cette pénurie de soignants a conduit à un recours massif à l’intérim médical, une pratique qui est devenue un système coûteux et inefficace. Le coût des contrats d’intérim est estimé à près de 1 milliard d’euros par an pour le système de santé. Ce recours à l’intérim génère aussi des disparités salariales énormes, avec des médecins intérimaires gagnant parfois des rémunérations jusqu’à cinq fois supérieures à celles de leurs confrères hospitaliers, tout en échappant à l’engagement à long terme et aux obligations de continuité des soins.
Le PS dénonce cette situation délétère qui empêche une gestion sereine des hôpitaux publics et appelle à des réformes urgentes pour garantir une rémunération juste des soignants et assurer une meilleure répartition des médecins sur le territoire.
Un « Ségur de la Santé » insuffisant
En réponse à la mobilisation exceptionnelle des soignants pendant la pandémie de COVID-19, le gouvernement a lancé le « Ségur de la Santé », un plan censé améliorer les conditions de travail et revaloriser les salaires des soignants. Si les mesures annoncées ont été un pas dans la bonne direction, elles restent insuffisantes dans leur ampleur et trop tardives pour répondre aux enjeux actuels.
19 propositions pour une refondation de l’hôpital public
Face à cette situation critique, le PS a présenté en 2023 un plan de reconstruction de l’hôpital public, articulé autour de 19 propositions. Ces propositions s’inscrivent dans une stratégie politique claire : mettre fin au pilotage comptable des hôpitaux pour répondre aux besoins de santé des français.
Pour le PS, il s’agit d’une question de justice sociale et de solidarité nationale. Une nouvelle proposition de loi PS vise à fixer un ratio minimal de soignants par patient à l’hôpital pour garantir la qualité et la sécurité des soins, et répondre à l’épuisement des personnels. Une grande loi de programmation sanitaire et médico-sociale s’imposera aussi pour définir démocratiquement les objectifs de santé publique en fonction des changements démographiques, des nouveaux phénomènes épidémiologiques, des évolutions des modes de prise en charge et des innovations médicales.
Parce que le redressement des hôpitaux est une urgence sociale et politique, le PS entend clairement porter toutes ses propositions dans le débat parlementaire.
Redonner de la dignité à l’hôpital public
Les propositions du PS pour l’hôpital public sont un appel à l’action face à la crise qui secoue le système hospitalier. En mettant l’accent sur la revalorisation des métiers du soin, une réforme du financement et une gouvernance partagée, le PS cherche à offrir une réponse à la hauteur des enjeux. Cette reconstruction de l’hôpital public est essentielle pour garantir à tous un accès égalitaire aux soins et pour redonner dignité aux soignants et aux usagers.
Pour retrouver l’intégralité du plan de reconstruction de l’hôpital public
www.jean-jaures.org/publication/un-plan-de-reconstruction-de-lhopital-public
Les principaux chantiers du plan :
Lutter contre la pénurie de médecins et de soignants
Plan de formation continue.
Primes de fidélisation en zones sous-dotées.
Révision des grilles salariales pour rendre tous les métiers du soin attractifs.
Faire passer le patient avant l’argent
Financement des soins en fonction des besoins médicaux et non des impératifs financiers.
Loi de programmation en santé pour former 15 000 médecins par an.
Impliquer l’ensemble des acteurs du système de santé
Réforme de l’hôpital menée en concertation avec tous les acteurs concernés : soignants, usagers, élus locaux, etc.
Gouvernance partagée permettant à tous de participer à la définition des politiques de santé.
Réforme du financement des soins
Abandon de la tarification à l’acte, instauration d’un financement global basé sur les besoins médicaux de chaque territoire.
Identifier les secteurs prioritaires : la psychiatrie, les soins de longue durée et les urgences.
Vers le « 100% Sécu » à l’hôpital
Prise en charge de l’ensemble des frais d’hospitalisation – y compris la chambre particulière – par l’assurance-maladie obligatoire.
Un hôpital public universel
Financé par la solidarité nationale et non par les intérêts privés.
Protégé comme un bien commun au service de la collectivité.